de montréal
2013 NUITS D'AFRIQUE
REPORTAGE: Lynda Renée
PHOTOS:
Chantal Levesque
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JUILLET - AZIZ
SAHMAOUI:
la chanson et le fureur
Aziz
Sahmaoui est né au Maroc et ses musiciens sont d'origine
sénégalaise et maghrébine. Ils forment
un band d'un calibre et d'une intensité exceptionnelle.
Des le début du spectacle, ça décolle et
on vibre avec eux tellement ils savent nous rejoindre au delà
des différences de la culture et de la langue. Ils ont
offert une performance qui a littérallement enflammé
les spectateurs venus les entendre au Cabaret du Mile End.
Sa voix est puissante, riche et aussi coloré que les
styles de musique qu'il réunit tout au long du spectacle
dans lequel il s'accompagne à la mandole.
En plus d'être chanteur Aziz est également multi-instrumentiste.
Il réconcilie la musique
traditionnelle maghrébine et les courants plus modernes
de jazz et de fusion. Il a commencé à faire de
la musique tout jeune, a formé son premier groupe à
14 ans, époque où il a approfondi sa connaissance
des instruments à corde et percussions et il compte déjà
30 ans d'expérience de la musique.
En plus d'être superbement entouré, Aziz est auréolé
de son amour des gens, a un charisme qui rejoint le coeur, et
ses textes parlent de la vie, de l'amour, de sortir de la fatalité.
Homme humble et d'une rare créativité, il veut
donner de l'espoir par sa musique entraînante et généreuse,
une véritable célébration festive et joyeuse.
Après avoir formé l'Orchestre National de Barbès,
il a enfin produit son tout premier album intitulé University
of Gnawa que l'on savoure du début à la fin comme
un trésor. Les pièces dont Salabati et Maktoube
sont revisitées avec un air de blues du désert.
Il dénonce les maux de la société tout
en insufflant une énergie rare où se mêlent
la douceur et la frénésie. Maintenant âgé
de 49 ans, il a de quoi être fier de ce premier album
qui est rien de moins qu'un chef-d'oeuvre.
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JUILLET - ABOU
DIARRA
Lors
de sa visite au Festival des Nuits d'Afrique, j'ai pu découvrir
davantage le talent d'Abou Diarra, un musicien originaire du
Mali, fier représentant de la culture des chasseurs dont
les valeurs ont modelé sa musique, il joue d'ailleurs
du kamale ngoni depuis qu'il a 14 ans et c'est aussi l'âge
à laquel il a fabriqué son premier instrument.
Le kamale ngoni est fabriqué d'une peau de gazelle, d'une
calebasse, de bambou et de fil de pêche. Il en a fait
une guitare à laquelle il s'est permis d'ajouter des
cordes, c'est aussi une harpe, une basse et même une percussion
Sa musique porte les accents de la brousse, du blues, du jazz,
du reggae et ça groove Il s'inspire aussi des rituels
issus des cérémonies mystiques de son pays.
Il revendique la liberté, les droits de voir et dire
et faire ce qu'on a envie. Sa musique est joyeuse et libératrice
et une célèbration de la vie. Elle est à
la fois moderne et traditionnelle. Il a été reconnu
très jeune comme un musicien et chanteur exceptionnel
et a passé des années à donner des concerts
de village en village, n'ayant pour tout bien que son seul instrument.
C'était la fête au Balattou lors de sa visite et
il y avait foule pour le voir et l'entendre, danser au son de
sa musique. Il joue de son instrument avec le même élan
naturel que la respiration. Il a déjà plusieurs
albums à son actif dont on peut entendre les extraits
sur son site www.aboungoni.com et même y commander des
CD . Abou Diarra donne
des cours de ngoni au Mali et en France et est ouvert aux partages
avec des musiciens d'autres pays et cultures. Il est intéressé
à entendre les histoires, ressentis et rythmes se mêlant
aux siens. C'est un citoyen du monde et l'écouter met
assurément du bonheur dans le coeur de tous.
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JUILLET - LA
CARAVANE DE LA PAIX: (1) Tartit (2) Imrahan (3) Mamadou Kelly
Le
Sahara est venu à nous
Ils
viennent de Tombouctou, les trois groupes de musiciens du Mali
qui se sont retrouvés sur la scène de La Tulipe
et nous ont offert une incursion dans l'atmosphère paisible
du désert du Sahara. Ne pouvant faire de musique dans
leur propre pays, ils ont
décidé de partir en voyage et d'aller l'offrir
à de nombreux auditoires à travers le monde. Le
début était semblable à une balade à
dos de chameaux, douce, toute en harmonie et bien loin d'ici.
Tartit: Les chanteuses jouant du tambour et les hommes les accompagnant
avec leurs instruments à cordes, traditionnels et électriques
étaient magnifiques dans leurs costumes du pays. On a
pu laisser à la porte nos propres guerres internes, conflits
et frustrations du quotidien pour entrer dans une soirée
inoubliable de chant, tambour et percussion en tous genres dont
les sons exotiques avaient tout pour nous envoûter et
créer une ambiance réconciliante.
On se sentait pris par la main dans ces régions d'où
ils viennent et invités à partager dans le plus
grand respect de la tradition, l'écoute à ces
sonorités authentiques et pures.
Imrahan: Le deuxième groupe s'exprimait dans des sonorités
de blues et voir des guitares électriques sur ces costumes
datant des siècles passés avait quelque chose
de surréaliste, tout pour nous dépayser quoi.
Mamadou Kelly: Plus le temps passait, plus l'énergie
montait et c'est dans une frénésie générale
qu'on a assisté au spectacle d'un maître de la
guitare qui marie à merveille les sonorités anciennes
et les plus modernes.
Cette soirée tenait de la magie, la magie de ceux qui
résistent à l'oppression de la plus belle façon
en continuant d'offrir à ceux qui y sont ouverts de quoi
réjouir nos yeux et nos oreilles assoiffés de
paix et de beauté.
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JUILLET - MARIA
DE BARROS
Maria
de Barros nous a offert une magnifique prestation ce vendredi
au Cabaret du Mile End. Elle a hérité du même
talent pour la chanson que sa célèbre tante Cesaria
Evora. Il y a dans la musique du Cape-Vert une douce mélancolie,
une tendresse, une chaleur et elle présente une version
joyeuse de la musique que l'on connaît.
Ses sources d'inspiration sont multiples et originent d'abord
et avant tout du coeur et de tout ce qui le nourrit, la famille,
l'hospitalité, la solidarité dans les épreuves,
la bonne nourriture et surtout de la vie. Elle a un regard optimiste
sur la vie qui colore toute sa musique.
Elle nous a offert des pièces de son nouvel album intitulé
Morabeza qui signifie l'âme d'un peuple, qui
est un mélange de musique latine, africaine et européenne
et a reçu la collaboration de plusieurs grands musiciens
comme Manuel d'Novas, Betu et Kaka Borbasa.
Elle chante pieds nus comme Cesaria à laquelle elle a
rendu hommage lors de son spectacle en interprétant entre
autre la célèbre pièce "Sodade"
et "Petit pays" et le public venu l'entendre s'est
levé pour danser dès le milieu de la soirée.
Elle a aussi interprété quelques pièces
en français dont une s'intitulant "Caresse-moi"
magnifique et dans laquelle elle exprime toute sa douceur et
sensualité de femme.
Elle s'est excusé de ne pouvoir nous offrir de CD pour
les gens intéressés à l'acheter ce soir-là
et s'est engagé à les expédier elle-même
à toute personne qui en fera la demande.
Elle est rayonnante et nous donne le goût de l'être.
Il suffit d'écouter et de danser au son de sa musique
pour être entraînée dans ce courant de joie
et d'amour qui la suit à travers le monde.
Photos
© Chantal
Levesque